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Consommation mondiale d’énergie

lundi 17 mars 2008, par Louis Possoz

Combien consommons-nous ?

 La bonne unité

Dans cet article, la plupart des consommations d’énergie sont exprimées en kilogrammes d’équivalent pétrole par jour et par personne (kep  /j/p).

Un kilo de pétrole représente une quantité d’énergie considérable : 42 mégajoules. C’est l’énergie nécessaire pour hisser 100 tonnes à 42 mètres de hauteur. Soit à monter 2.000 sacs de sable de 50 kg en haut d’un immeuble de 14 étages. On s’en rend difficilement compte quand on consomme 1 kep   sous la forme d’un simple litre de diesel.

Utiliser des consommations par personne plutôt que des consommations nationales, permet d’effectuer immédiatement des comparaisons entre les états et les régions du monde. Le "kilo d’équivalent pétrole" (kep  ), tout en étant un sous-multiple d’une unité internationalement utilisée (la tonne d’équivalent pétrole, ou tep, ou toe en anglais) présente l’avantage d’être plus facile à percevoir concrètement que le joule ou le kilowattheure. De plus, exprimer les énergies en kep  /j/p donne des nombres à "taille humaine" par opposition à ceux qui font valser les millions et les milliards et que l’on oublie aussi vite qu’on les a lu.

Pour faire des comparaisons avec sa consommation personnelle d’énergie finale, on peut assimiler un kep   d’énergie primaire à un litre de carburant, un mètre cube de gaz ou encore à cinq kilowattheures (kWh). Chacun peut ainsi additionner sa consommation de gaz, de fuel et d’électricité et comparer le résultat à la consommation domestique d’un Européen, en n’oubliant pas de diviser le résultat par le nombre de personnes qui partagent le même toit (plus ou moins 2,7 kep  /j/p).

 Pas tous la même chose

Combien nous consommons ? Ça dépend de la région où nous vivons. Nous allons comparer la consommation quotidienne d’énergie primaire d’un Européen (des 15), d’un Africain, d’un Chinois et d’un Étasunien. Il s’agit des chiffres 2000, disponibles sur le site de l’Agence Internationale de l’Énergie. Nous avons inclus la consommation de biomasse, même celle qui ne rentre pas dans les comptabilités nationales car n’entrant pas dans le circuit économique traditionnel (ramassage du bois, des bouses, etc.). L’AIE les traite à part car elle doit les estimer à partir d’autres sources que les comptabilités nationales.

Malheureusement, ces chiffres ne prennent en compte que les consommations sur le ’territoire national’ et pas celles qui ont été externalisées, par délocalisation d’industries lourdes par exemple.

 Europe (des 15)

On peut considérer que les habitants de l’Europe des 15 ont des modes de vie comparables, au regard de ce qui les différencie des autres régions du monde. Les résultats d’une analyse au niveau européen sont plus pertinents qu’au niveau belge, ou français, ou autre. Si l’on avait considéré la Belgique seule, des "effets de bord" plus importants seraient apparus. En effet, selon que l’on déplace une usine de quelques kilomètres, entre Anvers et Rotterdam, sa consommation d’énergie est reportée sur les Hollandais ou sur les Belges alors que les clients sont certainement les mêmes. Déjà de tels effets existent au niveau européen. Pensons aux délocalisations épisodiques des industries lourdes vers d’autres régions du monde, délocalisations qui emportent avec elles leur consommation d’énergie alors que, là aussi, les clients finaux européens restent en Europe.

L’Européenne ou l’Européen consomme en moyenne 10,6 kilogrammes d’équivalent pétrole par jour (10,6 kep  /j/p) en énergie primaire. Il consomme plus en hiver qu’en été, et avec des différences tenant au lieu de résidence, urbain ou campagnard, au mode de vie, etc.. Pour les trois quarts, cette énergie est d’origine fossile, pétrole, gaz ou charbon. Près d’un septième est d’origine nucléaire. Environ 3,5% provient, d’une manière ou d’une autre, de la biomasse, ce qu’on peut mettre en correspondance avec une densité de population de 100 habitants par km2. Enfin, près de 2,5% est d’origine hydraulique ou, dans une très faible mesure, composée d’autres énergies renouvelables.


Louis Possoz

 Afrique

Un Africain consomme 7 fois moins d’énergie qu’un Européen, 1,5 kep   par jour ! C’est une moyenne sur le continent, certains états consommant encore dix fois moins. Plus de la moitié de l’énergie est consommée sous forme de biomasse dont la quantité est, dans l’absolu, double de celle consommée par un Européen. Ceci peut s’expliquer par une densité de population plus faible : 30 habitants/km2. Les combustibles fossiles représentent près de la moitié de l’énergie consommée, avec une forte disparité pour le charbon, dont la production et la consommation sont essentiellement concentrées en Afrique du Sud.


Louis Possoz

 Chine

Un Chinois consommait en 2000 environ quatre fois moins qu’un Européen (2,5 kep  /j/p), répartis en trois quart fossiles et un quart biomasse, laissant au nucléaire et à l’hydraulique des parts marginales. Dans l’absolu, la quantité de biomasse consommée est à peine supérieure à celle consommée par un Européen, ce qu’on peut rapprocher d’une densité de population de 136 habitants/km2. Comme on l’a déjà souvent dit, le charbon représente la part du lion.


Louis Possoz

 États-Unis

Un Étasunien consomme plus du double d’un Européen (des 15) : 23,6 kep  /j/p. Ici encore, les combustibles fossiles représentent plus des trois quarts de la consommation. La consommation de biomasse, tout en ne représentant que 3% de la consommation totale, est identique, en valeur absolue, à celle d’un Africain ! La densité de population des États-Unis et de l’Afrique sont comparables, environ 30 habitants/km2.


Louis Possoz

 Comparaison

Dans ce graphique, nous avons regroupé les 4 résultats précédents. La surface du cercle représente chaque fois la quantité d’énergie primaire consommée. Est-ce que certains sont "anorexiques" ? Ou d’autres "boulimiques" ? Chacun en jugera.


Louis Possoz

 Monde

Si l’on considère la planète dans son ensemble, voici la consommation actuelle du terrien moyen

Faut-il que cette consommation tende à s’élever au niveau européen voire au niveau étasunien ? Vaut-il mieux que tous tendent vers un niveau inférieur ? Lequel ? Voici des questions qui continueront certainement à alimenter le débat au fur et a mesure que l’on avancera dans le siècle.

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