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Énergie à la production

mercredi 29 avril 2015, par Louis Possoz

Les 2 comptabilité de l’énergie
L’énergie à la production reflète la structure industrielle d’un État tandis que l’énergie à la consommation reflète le mode de vie de ses habitants.
Louis Possoz

C’est la manière la plus courante de compter l’énergie "consommée" dans un pays. Elle est utilisée pour construire les statistiques des États et des organisations internationales (Eurostat, ONU, etc.).

Selon cette "vision" classique, on considère que l’énergie qui est consommée dans un État est celle qui est extraite du territoire national augmentée des importations d’énergie et diminuée des exportations.

Chaque année, les chiffres de cette consommation pour les différents pays et pour les différentes formes d’énergie sont publiés par des grands acteurs de l’énergie. Les principales sources sont BP (British Petroleum) dans son très bon Statistical Review of World Energy, l’EIA (U.S. Energy Information Agency) dans son Annual Energy Outlook et l’IEA (International Energy Agency) dans son World Energy Outlook.

Diverses formes d’énergies peuvent être extraite du territoire :

  • les combustibles : les puits de pétrole et de gaz, les mines de charbon, les bioénergies (bois de chauffage, agrocarburants, biométhanisation, etc.) ;
  • l’électricité : d’origine hydraulique, éolienne ou photovoltaïque : ;
  • la chaleur : nucléaire (par convention, 3 fois la production d’électricité nucléaire) et géothermique (par convention, 10 fois la production d’électricité géothermique).

Quant aux importations et exportations, elles se composent des divers combustibles, fossiles ou renouvelables, ainsi que des flux d’électricité importés et exportés.

Toutes ces énergies sont d’abord transformées dans le secteur énergétique puis servent à alimenter l’industrie d’une part et la consommation finale d’autre part (carburant, chauffage et électricité domestique). La production industrielle est ensuite partiellement consommée localement, l’autre partie étant exportée.

Ordinateur portable
"Laptop innen" by Sebastian Klein/Wikipedia. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons
Sebastian Klein - Wikipedia

L’énergie ainsi comptabilisée reflète beaucoup plus la structure industrielle d’un pays que le mode de vie de ses habitants. Il n’existe pas de pays autarcique c’est-à-dire dont l’industrie produit exactement ce que consomment les habitants. Chaque pays peut être amené, pour divers motifs, à se spécialiser dans certaines productions plutôt que dans d’autres.

C’est ainsi que l’Asie est souvent nommée l’"usine du monde" car on y fabrique beaucoup de produits qui sont conçus dans les pays développés et qui sont largement destinés à leurs habitants. Or la conception, le marketing et tous les services associés à la distribution de produits "sophistiqués" consomment relativement peu d’énergie tout en constituant la majeure partie de la valeur ajoutée et du bénéfice. La production quant à elle est généralement sous-traitée à des usines lointaines dans lesquelles la partie énergétivore de la production est assurée : production et raffinage des différentes matières premières (métaux, terres rares, silicium, matières plastiques, additifs chimiques, etc.) suivis par l’usinage et l’assemblage, jusqu’à l’obtention du produit ou composant final.

Les émissions de CO2 d’un pays sont calculées de manière tout à fait analogue à leur consommation d’énergie. Ces émissions reflètent donc elles aussi la structure industrielle du pays et beaucoup moins le mode de vie de ses habitants.

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