- Parus dans "Le Soir" en février et avril 2005 -
Tout a commencé par l'annonce sensationnelle d'une nouvelle éolienne, la WARP, produisant 4 fois plus dénergie qu'une éolienne conventionnelle de même hauteur ! (voir texte)
Une brève étude et une présentation indiquent la démarche théorique correcte.
Sur cette base, le même journal a alors publié notre appréciation critique... ainsi qu'une réaction sévère du promoteur de la WARP. (voir texte)
Et puisque la "science" s'est avérée impuissante face à la volonté politique, on attend maintenant avec impatience les résultats concrets... et chiffrés !
Le Soir - Mercredi 6 avril 2005
Environnement : Les performances des nouvelles éoliennes contestées par l'UCL
Les éoliennes Warp sont présentées
comme révolutionnaires.
L'UCL met en garde les cabinets ministériels.
Une querelle scientifique très venteuse.
L'éolienne du futur est belge, titrait « Le Soir » du 17 février dernier. D'une forme totalement inédite, ces nouvelles tours énergétiques conçues et commercialisées en Europe par la société belge VR&Tech sur la base d'un double brevet américain et belge, sont constituées d'un ingénieux système d'empilement de rotors carénés dans lesquels s'engouffre le vent.
Alors que les éoliennes conventionnelles exigent un diamètre important de pales afin d'optimiser la capture énergétique, le système Warp amplifierait par 1,7 la vitesse du vent à travers des modules aérodynamiques. La puissance développée serait multipliée par huit. A hauteur identique, Warp produirait trois à quatre fois plus d'électricité qu'une éolienne de même puissance, offrant des possibilités de développement de cette forme d'énergie renouvelable dans les villes.
Les chiffres annoncés sont faux, rétorque aujourd'hui le département de mécanique de l'Université catholique de Louvain. Dès l'origine de la Warp, une erreur de compréhension des lois fondamentales de la physique a abouti à une surestimation énorme de la puissance développée par ce type d'éolienne. Il y a une erreur vicieuse dans les documents d'origine qui prétendent multiplier la puissance par huit plutôt que par deux. En corrigeant cette erreur et en faisant une analyse correcte et simple, la performance de la Warp est médiocre.
Dans une note envoyée aux cabinets ministériels intéressés par une douzaine de projets pilotes programmés à Bruxelles et en Wallonie, l'UCL note que la puissance développée par une éolienne classique est proportionnelle à la surface exposée au vent. Soit, la surface du cercle parcouru par les pales. La tendance actuelle est d'ailleurs d'augmenter la longueur des pales, explique Hervé Jeanmart. À titre d'exemple, le record actuel est une longueur de 63 mètres pour une puissance nominale de 5 mégawatts, à Brunsbüttel, en Allemagne. En Belgique, les éoliennes récemment installées à Perwez ont des pales de 38,5 mètres de long pour une puissance de 1,5 MW. Or, constatent les scientifiques de l'UCL, pour une même hauteur totale, l'éolienne classique présente une surface exposée au vent au moins dixfois supérieures à celle d'une Warp. Donc, au lieu de produire quatre fois plus d'énergie qu'une éolienne classique, ce type d'éolienne en produira beaucoup moins !
Le brevet initial a plus de 20 ans, note Hervé Jeanmart. Si ce système avait été révolutionnaire, il aurait été mis sur le marché plus tôt. Les Américains sont preneurs de nouvelles technologies...
Du point de vue économique, pour un investissement comparable, le revenu généré par une éolienne classique sera donc largement supérieur à celui d'une Warp, estime l'UCL, même si cette dernière demeure meilleur marché. Nous nous interrogeons sur la sagesse qu'il y aurait, pour notre région, à investir dans des technologies, certes amusantes, mais malheureusement peu performantes.
CHRISTOPHE SCHOUNE
La société VR&Tech a peu apprécié ce qu'elle considère comme un « missile » à l'égard de ses projets de développement et de fabrication de tours en Wallonie et à Bruxelles. Pour contrer l'analyse théorique de l'UCL, VR&Tech a fait appel au service de mécanique des fluides de la faculté polytechnique de Mons.
Conclusions de celle-ci ? Le professeur Gregory Coussement ne met pas en doute la validité de l'exercice de l'UCL et reprend même ses conclusions en premier lieu. Toutefois, note l'auteur dans ses commentaires, l'éolienne Warp permet comparativement à une éolienne de même diamètre d'augmenter l'énergie électrique récupérable par la conjonction de plusieurs phénomènes. Ce dont l'UCL n'a pas tenu compte.
L'amplification de vitesse au rotor induite par la tour Warp est directement influencée par la présence et l'action du rotor, note Gregory Coussement. Par conséquent, on ne peut pas découpler l'effet amplificateur de la tour et de ses accélérateurs avec les modifications induites par les interactions avec le rotor (...). Un calcul simplifié (...) montre correctement les tendances physiques mais n'est pas suffisant pour quantifier les performances.
Pour déterminer valablement ces performances aérodynamiques, une modélisation numérique est requise, juge la faculté de Mons. Ces simulations permettent également de déterminer le couple de l'énergie et l'énergie électrique réellement récupérés par la tour Warp en tenant compte de l'ensemble des pertes et des effets en trois dimensions existant dans la réalité. (...) À même surface et géométrie de rotor, on voit que l'énergie récupérable par une tour Warp est supérieure à celui d'une éolienne classique.
Toutes ces informations font l'objet d'une succession de brevets de la société américaine Eneco, dont le plus récent fut déposé en 1996, précise Alain Van Ranst, directeur de VR&Tech. Elles ont été transmises à la faculté polytechnique de Mons. Le nouveau brevet VR&Tech déposé pour les turbines Warp en collaboration avec Bosch/Rexroth optimise les performances offertes par le brevet Eneco. Elles seront validées après la finalisation des douze sites pilotes prévus en Wallonie.
Tant au cabinet de la ministre bruxelloise de l'Énergie Evelyne Huytebroeck (Ecolo) qu'au cabinet du ministre wallon André Antoine (CDH), on accuse bonne réception des vertes critiques de l'UCL, mais on préfère juger les performances de la Warp sur pièce.
Côté bruxellois, il s'agira de suivre de près les performances de la tour Warp programmée sur le nouveau site Ikea d'Anderlecht. Côté wallon, la Région n'a pas encore défini le site qu'elle pourrait « monitorer ». Mais elle envisage sérieusement de financer pareille étude compte tenu du potentiel innovant et créateur d'emplois de cette invention en partie belge.
Ch. Sc
Le Soir - Jeudi 17 février 2005
Environnement : Des " tours " éoliennes fleuriront au printemps
Petite révolution dans la captation du vent.
Des tours énergétiques adaptées aux villes
sortiront bientôt de terre à Bruxelles et en
Wallonie.
Innovation en partie belge.
Comme un vent frais, l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, ce mercredi, a fait atterrir sur nos bureaux les ébauches d'une petite révolution dans le monde des énergies renouvelables. Promis à des développements limités dans notre pays, le secteur éolien pourrait être fouetté grâce à la technologie Warp, développée par la société VR&Tech, basée à Bruxelles et en Wallonie. Ces tours énergétiques inédites sur le Vieux Continent seront développées dans un premier temps sur le futur site d'Ikea, à Anderlecht et de la société Interagri, à Andenne.
Alors que les éoliennes conventionnelles exigent un diamètre important de pales afin d'optimiser la capture énergétique, le système Warp amplifie la vitesse ambiante du vent à travers des modules aérodynamiques que l'on peut empiler (voire notre infographie).
Ce système est complémentaire aux éoliennes classiques et s'adapte très bien aux besoins énergétiques des villes, note Alain Van Ramst, directeur de VR&Tech. A la différence des éoliennes classiques, Warp, qui est modulable selon les besoins, permet aux sociétés d'utiliser immédiatement l'énergie verte produite sur leur site et d'injecter la différence sur le réseau. La puissance maximale envisagée pour le moment (500 kW) permet d'obtenir des permis dans les 70 jours contrairement aux grosses éoliennes, qui nécessitent deux ans de procédure.
Autre avantage et non des moindres, Warp serait trente pour cent meilleur marché et amorti en cinq ans de fonctionnement grâce aux aides régionales accordées à l'électricité verte. Warp, ne connaît pas non plus le chômage technique des éoliennes conventionnelles, qui ne tournent en moyenne que 2.000 heures par an. Bref, à hauteur identique, Warp produirait trois à quatre fois plus d'électricité qu'une éolienne de même puissance. Hôtel, bureaux, centres commerciaux, société de télécommunication... pas moins de 26 projets sont à l'étude à Bruxelles et en Wallonie.
Notre start-up a démarré il y a un an, explique Alain Van Ramst, actif de longue date dans le secteur éolien. J'ai découvert le procédé Warp, issu d'un brevet aéronautique de la Nasa, au Texas. Ce système est utilisé aux Etats-Unis pour des raisons de télécommunication et non énergétiques ! Ici, notre moteur, c'est d'abord la lutte contre le réchauffement climatique. J'ai obtenu une licence pour la Belgique, le Luxembourg et l'Afrique avec une représentation pour toute l'Europe. VR&Tech, qui entend offrir des solutions clé sur porte aux entreprises et collectivités soucieuses d'investir dans le courant vert, vient de déposer deux brevets internationaux pour la construction de ces systèmes au départ des entreprises MP Colinet, à Mons, et Pegard, à Andenne. Il est important de relancer la construction belge dans le monde de la machine-outil, souligne Alain Van Ramst. Cette industrie est susceptible de créer de l'emploi, notamment via la formation de techniciens pour laquelle j'ai signé des accords avec l'Orbem et le Forem. Du côté de la Région bruxelloise, qui devrait voir se concrétiser la première réalisation au printemps, on salue l'initiative. Nous allons suivre de près les performances de la tour Ikea, note-t-on au cabinet de la Ministre Evelyne Huytebroeck (Ecolo). Nous allons financer une étude afin de modéliser le potentiel éolien de la capitale, une dimension qui n'avait pas été prise en compte jusqu'à présent. Par ailleurs, a l'instar de ce que le précédent gouvernement wallon a fait, un "facilitateur en énergies renouvelables" sera désigné en mai afin de simplifier la tâche des entreprises.
Enfin, notons que cette technologie peut également s'envisager sous forme de parcs de production d'électricité. Aux Etats-Unis, un projet de l'armée envisage de rhabiller des pylônes haute tension avec le système Warp !
CHRISTOPHE SCHOUNE