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Un arbre artificiel qui piège le CO2
mercredi 20 juillet 2011, par
Un arbre pour sauver le climat
On m’apprend qu’une toute nouvelle invention va fortement aider à enrayer le réchauffement climatique. Il s’agit d’un arbre artificiel qui capture du CO2. Installé au bord des autoroutes, il permettrait de retirer de l’atmosphère de grandes quantités de CO2, ce gaz à effet de serre qui nous empoisonne la vie. Mais encore ?
Ce piège à CO2 est un appareil – car ça n’a rien à voir avec un arbre, arbre c’est seulement pour faire vert – qui aspire de l’air ambiant et en extrait une partie de son contenu en CO2. (qui est aujourd’hui de 39 centilitres par mètre cube). Que faire ensuite de ce CO2 ? C’est à vous de voir. Par exemple, vous pouvez faire comme pour le charbon propre, liquéfier ce CO2 puis l’enfouir dans des couches géologiques profondes d’où il ne risquera pas de s’échapper pour ennuyer vos petits enfants, comme au lac Nyos. Dans votre jardin ? Si vous voulez.
Revenons à notre machine. Il en existe plusieurs versions qui toutes utilisent des effets physico-chimiques connus depuis bien longtemps. Dans les plus anciennes, on aspire l’air et on le fait entrer en contact avec une solution d’hydroxyde de sodium (de la soude caustique). Une partie du CO2 de l’air réagit alors pour former du carbonate de sodium comme ceci :
CO2 + 2 NaOH → Na2CO3 + H2O.
Ce carbonate de sodium doit ensuite être redécomposé pour régénérer l’hydroxyde de sodium d’une part et récupérer le CO2 pur d’autre part, ce qui est bien le but de l’opération. Un autre procédé, dont les détails sont plus mystérieux, fait appel à des résines pour adsorber puis désorber le CO2. Quant à savoir ce qu’il faut faire de cet encombrant CO2, à vous de vous débrouiller. Et bien sûr, on ne peut pas tout avoir, tous ces systèmes consomment pas mal d’énergie pour fonctionner. Et en plus il faut les fabriquer. Encore de l’énergie. Bref, encore un effet d’annonce, car le jeu n’en vaut absolument pas la chandelle et le résultat final est peut-être même négatif : plus de CO2 émis que de CO2 stocké.
C’est l’occasion de rappeler que l’on peut capturer et stocker du CO2 de manière beaucoup plus simple et plus économique. En quantités modestes toutefois, à l’aune des émissions mondiales. On plante simplement des arbres et on utilise le bois obtenu pour construire tout ce qu’on veut. On peut aussi transformer ce bois en biochar qui peut être stocké dans le sol où il est très stable et pourra rester enfoui très longtemps sans danger trop évident. Et pour terminer, le plus simple et le moins cher c’est de ne pas brûler de combustibles fossiles. On peut très bien vivre, plus modestement peut-être, sans se fatiguer à toujours courir derrière LA solution miracle qui, en réalité, nous propulsera encore plus vite dans le mur.