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Gaz ou mazout, même combat

mardi 13 juillet 2004, par Louis Possoz

Commandée par l’association belge Informazout une étude du bureau RDC environnement compare le cycle de vie complet du gaz et du mazout en se plaçant du point de vue de l’émission des gaz à effet de serre.

Elle conclut qu’actuellement en Belgique il est préférable de s’équiper d’une chaudière au mazout plutôt qu’au gaz.

  • Paru dans "Le Soir" du 13/7/2004

"On occulte l’essentiel"

ENTRETIEN

CHRISTOPHE SCHOUNE

Louis Possoz, vous êtes spécialisé dans les questions énergétiques et ingénieur conseil chez Mitec sa, une spin-off de l’Université catholique de Louvain. Que pensez-vous des résultats de l’étude qui jugent qu’il n’est pas pertinent de privilégier des politiques favorisant les chaudières à gaz ?

Cette étude ne dit rien de scientifiquement contestable en constatant que, du point de vue de l’effet de serre, il vaut mieux chauffer sa maison avec du mazout en provenance de la péninsule arabique et raffiné à Anvers plutôt qu’au gaz transporté par gazoduc depuis la Russie ou par méthanier d’Algérie.

Elle nous rappelle que l’avantage du gaz par rapport au mazout en terme d’environnement peut être vite annihilé par l’effet de fuites de ce gaz et par les difficultés techniques inhérentes à sa manipulation.

Ses résultats sont donc non contestables ?

Qu’il s’agisse du gaz russe ou algérien, il y a dans les deux cas des pertes qui contribuent fortement à l’effet de serre : un kilo de méthane produit le même effet de serre sur cent ans que 23 kilos de CO2 ! Malheureusement, la présentation de cette étude ne sépare pas clairement les aspects fuite et traitement (compression et liquéfaction). Or, ces deux aspects peuvent être, en terme d’effet de serre, du même ordre de grandeur, voire supérieur pour ce qui est des fuites.

Les auteurs auraient également pu nous indiquer les résultats correspondants pour le gaz hollandais, plus proche de nous et qui ne doit pas être liquéfié comme c’est le cas du gaz que nous importons d’Algérie.

Vous jugez ce débat finalement peu pertinent ?

Les études montreront tantôt la suprématie du gaz, tantôt celle du fuel, en fonction des circonstances particulières d’exploitation que l’on prendra en considération. Lorsque ces conditions sont bonnes, le gaz sera logiquement moins gros émetteur de gaz à effet de serre.

Plus fondamentalement, des rapports comme celui-ci continueront d’être parrainés par les dirférents lobbys. Cet activisme a pour gros inconvénient d’occulter la question essentielle : l’urgence à cesser d’utiliser des combustibles fossiles comme le gaz, le pétrole ou le charbon si nous voulons diminuer les risques de catastrophes climatiques et environnementales que les différentes disciplines scientifiques prédisent.

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