Dans cette page, comme dans d'autres, tous les chiffres portent sur la consommation d'énergie dans l'Europe des 15 en l'an 2000. Le choix de se limiter à l'Europe des 15 a été posé essentiellement pour des raisons d'homogénéité économique. D'ici quelques années, l'analyse devrait être étendue à l'UE dans son ensemble. Tous les chiffres cités résultent d'une compilation des données disponibles auprès de Eurostat, organe statistique de l'UE.
Les informations présentées ici sont de simples constats, qui peuvent être contrôlés par tous. Nous avons tenté de les présenter le plus clairement et le plus exactement possible. Dans cet esprit, toute remarque ou suggestion est bienvenue.
Cette page analyse la consommation d'énergie en Europe (des 15). On y présentera :
Un bref rappel de la manière dont est tenue la comptabilité de l'énergie.
La distinction entre consommation d'énergie primaire et consommation d'énergie finale. En Europe, on constate que la dernière représente les deux tiers de la première.
La répartition de la consommation d'énergie primaire entre les différents usages :
Une méthode pour évaluer sa propre consommation résidentielle d'énergie primaire.
Jusqu'à présent, nous avons réfléchi en terme d'énergie primaire.
Pour les statistiques internationales, la consommation d'énergie primaire est la quantité totale d'énergie qui entre dans le circuit économique, d'où qu'elle vienne (production ou importation) et sous quelle forme que ce soit.
La consommation d'énergie finale est la quantité totale d'énergie qui sort du circuit économique, sous la forme dans laquelle elle est achetée par l'utilisateur final.
La différence entre ces deux valeurs résulte des dissipations, consommations et pertes lors des transformations et de la distribution de l'énergie, depuis l'entrée jusqu'à la sortie du circuit économique.
Selon les recommandations internationales, la consommation d'énergie primaire de chaque pays ou entité géographique est précisément égale à la somme des :
Energies produites comptabilisées comme suit :
Combustibles : l'énergie de la biomasse (et donc du bois), du charbon et du pétrole sont comptées à leur PCI, et celle du gaz à son PCS.
Nucléaire : on considère par convention que c'est la chaleur produite dans le réaceur qui constitue l'énergie primaire. Cette quantité de chaleur est estimée à trois fois l'électricité produite. Le rendement de la production électrique par le nucléaire est donc de 33%, toujours par convention.
Hydraulique, Eolienne et Solaire photovoltaïque : dans ce cas, l'énergie primaire est égale à l'énergie électrique produite.
Géothermique : on considère que l'énergie primaire représente 10 fois la quantité d'électricité produite par une centrale électrique géothermique.
Importations diminuées des exportations, bien qu'il ne s'agisse pas nécessairement d'énergies primaires.
Diminution des stocks (comptée négativement s'ils ont augmenté).
La consommation d'énergie finale est celle qui est acquise et consommée par les utilisateurs finaux. C'est la somme des achats d'énergie des industries, des institutions, des entreprises, des commerces et des particuliers. Comme on le détaillera bientôt, il faut, pour passer de l'énergie primaire à l'énergie finale, tenir compte du rendement de conversion lors de la transformation, de la consommation d'énergie au cours de cette transformation ainsi que des pertes de distribution : fuites, évaporation, dissipations, etc. Dans tous les cas, la conversion entraîne une diminution plus (électricité) ou moins (raffinage) importante de l'énergie disponible.
La transition entre énergie primaire et énergie finale est schématisée sur le graphique suivant. Selon notre bonne habitude, les énergies sont comptées en kep/j/p.
On notera que :
L'énergie finale représente deux tiers de l'énergie primaire.
Globalement, la transformation d'énergie primaire en électricité finale et les pertes du réseau électrique aboutissent à un rendement de 39%. Pour rappel, la transformation d'énergie primaire en électricité, sans tenir compte des pertes de distribution, se fait avec un rendement de :
Globalement, la transformation d'énergie primaire en carburant ou combustible finaux, par exemple dans des raffineries, avec les pertes de distribution aboutissent à un rendement de 90%.
Une partie de l'énergie primaire ne sert fianlement pas à produire de l'énergie mais est utilisée sous une autre forme : plastiques, produits chimiques, engrais azotés, pesticides, etc.
A quoi sert l'énergie que nous consommons ? Notre consommation totale d'énergie primaire peut être répartie en trois grands postes :
L'énergie implicitement contenue dans tous les biens que nous achetons, à la maison et au travail. C'est l'énergie qui a été utilisée pour fabriquer l'objet, y compris tous ses constituants. Elle représente 39% de notre consommation totale.
L'énergie consommée pour notre transport et celui de nos marchandises, environ à parts égales. Elle représente 24% de notre consommation totale.
L'énergie consommée pour notre chauffage, principalement, mais aussi pour l'éclairage, l'électroménager et tous les équipements que nous utilisons (PC, TV, etc.). Une part de cette énergie est consommée dans notre habitation (24%) et une part plus petite sur notre lieu de travail (13%).
On peut examiner un peu plus en détail la répartition de la consommation d'énergie entre les différents usages sur le graphique ci-dessous. La consommation d'électricité y est représentée en bleu foncé. Comme la longueur des barres est comptée en terme d'énergie primaire, avant transformation donc, la partie correspondant à l'électricité apparaît plus dilatée, à peu près 2,5 fois plus importante que si on avait établi les graphiques en terme d'énergie finale.
Il ne faut pas oublier que la rubrique transport regroupe le transport des personnes et celui des marchandises, en parts approximativement égales. La portion bleue (électricité) correspond pour l'essentiel au transport ferroviaire.
On peut encore détailler la consommation d'énergie pour la production des biens. Le graphique qui suit appelle la même remarque que le précédent en ce qui concerne l'élecricité. Pour le reste, il représente la répartition de la consommation d'énergie ayant servi à produire différents types de biens.
Au vu des chiffres ci-dessus, il est tentant de s'interroger sur sa consommation personnelle et de la comparer avec celle de l'Européen moyen.
Pour convertir notre consommation domestique de gaz, de mazout et d'électricité en énergie primaire, on peut utiliser l'approximation que un kep d'énergie correspond à :
Pour nous reposer (!), faisons une petite disgression. Les électriciens ont depuis longtemps pris l'habitude de compter leur énergie en kWh alors que l'unité internationale d'énergie (ou de travail) est le Joule (J). Cette malheureuse habitude a contribué à semer la confusion dans le public et chez les journalistes, qui parlent souvent de kW/h (kilowatt par heure), comme on parle de km/h, ou qui confondent allègrement kW (puissance) et kWh (énergie ou travail). Plus récemment, les gaziers ont curieusement, eux aussi, commencé à comptabiliser leur énergie en kWh !
Voyons maintenant les possibilités d'évaluation secteur par secteur :
Consommation résidentielle. On utilisera les factures d'électricité, de gaz et d'autres combustibles (ou des relevés de compteurs) converties au moyen des approximations ci-dessus, ou les valeurs du tableau ci-dessous, pour calculer sa consommation primaire (exemple). On pourra éventuellement procéder de la même manière pour la consommation au travail.
Consommation de biens. Nous n'avons pas (encore ?) établi de méthode praticable d'évaluation de cette consommation. Si vous en avez trouvé une, n'hésitez pas à la partager.
Transport. Il est difficile d'évaluer notre part de consommation pour le transport des marchandises. La part pour le transport des personnes, qui représente environ la moitié du total, peut utiliser les indications suivantes :
Dans tous les cas, il ne faut pas oublier de diviser la consommation par le nombre d'utilisateurs (chauffage, automobile, etc.).
Voici une table indiquant le contenu énergétique moyen de quelques fournitures courantes d'énergie :
MJ | kep | ||
---|---|---|---|
finale | primaire | ||
litre gasoil | 36 | 0,87 | 0,96 |
litre essence | 33 | 0,79 | 0,88 |
m3 gaz naturel | 40 | 0,95 | 1,06 |
kWh gaz naturel | 3,6 | 0,09 | 0,10 |
kWh électricité | 3,6 | 0,09 | 0,22 |
Si, par exemple, nous avons consommé à deux l'an dernier 2.000 m3 de gaz et 1.500 kWh d'électricité, le calcul approximatif donne 2.300 kep/an (2.000 + 1.500/5) d'énergie primaire. Ramené à une personne et à un jour, on arrive à 3,2 kep/j/p. C'est plus que la moyenne européenne pour la consommation résidentielle (2,5 kep/j/p).
Le calcul plus précis, utilisant la table ci-dessus donne 3,35 kep/j/p.
ORMEE
2007